dimanche 30 novembre 2008


Longue vacance, non au sens que j'en aurais pris, mais au sens de vide de communication: il a fallu que je finisse diverses choses - et de devoir m'occuper de tant de choses diverses à la fois, ça m'a tellement pris la tête que je n'ai plus eu d'espace pour ce qui pouvait attendre.
Juste un mot aujourd'hui, pour inciter à l'écoute et au visionnement d'un petit film. Une parabole de ce que peut être la solidarité - il suffit de vouloir, et... yes we can.


Et voici les explications données par les auteurs, ou sont-ce les facilitateurs:
From the award-winning documentary, "Playing For Change: Peace Through Music", comes the first of many "songs around the world" being released independently. Featured is a cover of the Ben E. King classic by musicians around the world adding their part to the song as it travelled the globe. This and other songs such as "One Love" will be released as digital downloads soon; followed by the film soundtrack and DVD early next year.

Ne pas oublier un coup d'oeil au site de Play for Change!

mardi 4 novembre 2008

4 novembre 2008

Le monde retient son souffle. En Inde, on fait d'immenses statues de sable des deux candidats, en Corée du sud, on fait leur portrait en cheveux, en Europe, on organise des nuits de veille.
Le prochain président des Etats-Unis nous concerne tous.
Il y a des comités Pro Obama partout dans le monde: aux Kenya (bien sûr, il est à moitié kenyan), en Australie, en Suisse même.
Le plus curieux: celui de la ville d'Obama au Japon, qui se prépare à vivre une nuit particulière. On trouve une petite vidéo ici.
Barack Obama a fait son dernier rallie en Virginie devant 80'000 personnes, qui se serraient tous la pluie, et qui, pour avoir une bonne place, étaient venues des heures à l'avance. C'est là qu'il avait commencé sa campagne, un soir, devant… 20 (vingt) personnes interloquées - il avait fallu une enthousiaste applaudissant seule à tout rompre pour que la salle se réveille.
Quel chemin parcouru!

Au moment où j'écris, Obama a voté. Vous voulez voir? C'est ici.

Je n'ai pas de nouvelles fraîches de John McCain, et comme il est tôt aux Etats-Unis, il n'a pas encore voté, probablement

Quant à moi, je passerai la nuit avec Democrats Abroad à Genève, et suivrai les événements en direct, en quelque sorte, sur www.cuk.ch.

jeudi 30 octobre 2008

Une ville, un musée


Je suis là devant ma TV, et je m'énerve en regardant un débat sur le nouveau musée des beaux arts de Lausanne. Il est actuellement dans un bâtiment magnifiquement kitsch, on se demande comment on type a pu un jour imaginer une chose pareille, et comment une municipalité a un jour pu laisser démolir tout un quartier pour faire ça.
Mais bon, maintenant il est là, avec sa bibliothèque, son musée de zoologie, de numismatique (je crois) et des beaux arts.
Cette photo est plutôt flatteuse, elle ne fait pas entièrement justice au bâtiment.

Bref, il y a maintenant un musée des beaux-arts au centre ville, et on projette de le déplacer au bord du lac. En se réclamant pour cela de toutes sortes d'exemples de musées qui sont loin des centres urbains, et qui marchent.
Lausanne est une ville qui pourrait être magnifique.
Mais depuis deux siècles, un urbanisme masochiste s'est acharné sur elle, et le pire, c'est que les générations n'apprennent jamais la leçon du passé - c'est comme si enlaidir ce lieu superbe était une fatalité.
Le même genre de fatalité sans doute qui a fait dire à tous jusqu'au mois dernier que le capitalisme dérégulé et la société hyper-libérale étaient une fatalité, qu'il fallait que le monde s'y fasse et si les pauvres trinquent, c'est fatal que voulez-vous. Eh bien, si cette fatalité-là a pu être jetée au panier avec une série de nationalisations ou de semi-nationalisations, alors il n'est pas fatal que la Lausanne défigurée soit défigurée encore plus.
Dans le cas du Musée de Bellerive (c'est le nom du lieu où on veut déplacer le musée des beaux arts), ce n'est même pas premièrement une question d'esthétique.
C'est surtout de la vie dans la cité qu'il est question.
Je trouve incroyable que, ayant à choisir entre déplacer les beaux arts ou la zoologie, par exemple, c'est les beaux-arts qu'on veut mettre “dans la nature” et non la zoologie, qui serait au fond bien au bord du lac, dans son élément. Mais là aussi, il y aurait des solutions alternatives, le Palais de Rumine, adossé à une haute colline, offre encore de bonnes possibilités d'agrandissement sans déplacer personne.

Pourquoi ne pas mettre les animaux près de la nature, au lieu des tableaux?

Et surtout, je trouve effarant qu'on veuille sortir de la ville encore une de ses institutions. Déjà, avoir choisi d'en sortir l'université m'a toujours paru une erreur monstrueuse.
La Bibliothèque cantonale est encore là, mais tout juste, pour ce qui est du gros des livres payés par les contribuables et à leur disposition, il faut se taper un voyage de 20 minutes minimum pour les atteindre.
Et pour voir les collections d'art, il va falloir maintenant aussi sortir du centre?
Je n'accepte pas l'argument selon lequel tel et tel autre musée seraient en périphérie: il s'agit le plus souvent de musées privés avec des intérêt spécifiques. Un musée des beaux arts comme celui di Palais de Rumine à Lausanne est un musée généraliste, et comme tel il DOIT être accessible sans longs voyages, il doit rester au coeur de la cité.
Cela dit, le débat est déjà en quelque sorte d'arrière-garde: la reprise en main et la réoccupation des centres des villes a déjà commencé ailleurs qu'à Lausanne, et arrivera sans doute bientôt aussi à Lausanne, Suisse. Souhaitons que ce soit assez vite pour empêcher que les beaux-arts ne quittent le Palais de Rumine.

Euh… Tout compte fait je retire l'affirmation faite plus haut slon laquelle ce n'est pas premièrement une question d'esthétique: ce mastoc planté là me dérange…

mardi 14 octobre 2008

Non… Si… Non… La bourse remonte!




Bon, alors, nous avons perdu un million de milliards (ou moins, ou plus), la bourse s'écroule, non, elle reprend, non elle va exploser (plus ou moins). Ce sera le krack comme en '29, pas du tout, on va s'en sortir, c'est sûr (plus ou moins).
Bref, nous sommes bien d'accord, les mathémathiques financières sont une science exacte. Nous savons où nous en sommes, on est rassurés - ils font joujou avec vos retraites mais fichez-vous de ça, ils savent ce qu'ils font: ils s'enrichissent. Probablement. Eventuellement (mais ce n'est pas sûr) ils vous appauvrissent en passant.

Dans mon journal en ligne préféré, Salon, un de mes chroniqueurs favoris, Andrew Leonard, a commencé à mettre en garde contre la catastrophe plus ou moins imminente dite des subprimes (crise immobilière américaine, pour aller vite) il y a plusieurs ANNEES.
Ce n'es qu'un exemple. Joseph Stiglitz, grand économiste pourtant plutôt libéral, met en garde dans des livres qu'on lit depuis longtemps, et que dire de mon chroniqueur préféré, Paul Krugman - dont je suis heureuse de dire qu'il a gagné hier le prix Nobel d'économie - c'est un critique constant, infatigable, depuis longtemps. 
Je ne suis pas économiste, mais justement, si même moi j'avais compris qu'on allait dans le mur, comment est-il possible que tous ces gens qui ont fait de longues études économiques n'aient pas vu? Et rappelez-vous: en dernière analyse, dans l'économie libéralo-libérale, notre vie dépend de ces gens-là.

Georges Darien

Il y a des précurseurs encore plus clairvoyants qu'Andrew Leonard. Prenons par exemple  Georges Darien Ce qui se produit ces derniers temps me rappelle ce qu'il dit de la bourse, dans un roman écrit en 1897 (!!!), Le Voleur - qui devrait être notre lecture de table de chevet à tous, en ce moment:

«Il n’y a qu’une opinion publique, voyez-vous : c’est celle de la Bourse ; elle donne sa cote tous les jours. Lisez-la en faisant votre compte, même si vous revenez du bagne. Vous saurez ce qu’on pense de vous. (p. 90)


«Quand on pense, ajoute-t-il en posant la main sur la pile de valeurs, que ces papiers représentent autant d’argent, autant de travail, autant de misère !… Mais vous ne vous souciez guère de cela. Vous n’êtes pas sentimentaux. Vous volez tout le monde, et allez donc ! au hasard de la fourchette. Il doit y avoir cependant de l’argent bien répugnant, même à voler… Eh ! bien, mes amis, ces papiers représentent autre chose encore ; ils représentent notre univers civilisé. Le monde actuel, voyez-vous, du petit au grand, c’est une Société anonyme. Des actionnaires ignorants et dupés ; des conseils d’administration qui se croisent les bras et émargent ; des hommes de paille qui évoluent on ne sait pourquoi ; et toutes les ficelles qui font mouvoir les pantins tenues par des mains occultes… (p. 131)


«La Bourse est une institution, comme l’Église, comme la Caserne ; on ne saurait donc la décrier sans se poser en perturbateur. Les charlatans qui y règnent sont d’abominables gredins ; mais il est impossible d’en dire du mal, tellement leurs dupes les dépassent en infamie. Le jeu est une tentative à laquelle on se livre afin d’avoir quelque chose pour rien ; (P. 181)»



samedi 11 octobre 2008

L'écrit mène à tout...


...  à la parole, à l'image, à l'action, à la paresse, à l'amour, à la haine, à…, à…, à… .
La semaine dernière, lorsque j'ai pris cinq minutes pour créer un blog, je voulais un titre qui signifie quelque chose de large.
Après avoir cherché, je me suis arrêtée au mot Ecriture.
Il y a eu une revue, en Suisse francophone, qui portait ce titre et qui  se consacrait essentiellement à la littérature. Il m'a toujours semblé que puisqu'elle était restreinte à un seul moyen d'expression (bon, on y traitait de temps à autre de peinture ou de photographie) il aurait fallu alors lui donner un autre titre: car l'écriture sert à tout.

La parole, c'est quoi?

J'entendais Jean-Marie Le Clézio, cet homme le plus souvent si secret, tenter d'expliquer ces jours derniers pourquoi la parole est si importante. Sans elle, disait-il en substance, la pensée n'existe pas. Et sans la pensée, il n'y a pas d'humanité, bien entendu. Toute son oeuvre peut se résumer à cela: une recherche de la parole juste, et de situation dans lesquelles cette parole juste est le plus juste. Il a d'ailleurs posé les cartes sur la table d'emblée: son premier écrit s'appelle Le procès-verbal. Et toute son oeuvre est, pourrait-on dire, le procès-verbal de sa quête.
On supposerait peut-être qu'au bout de quarante-cinq ans, il aurait pu avoir trouvé… Eh bien, pas du tout. Il s'est déplacé et se déplace encore, non seulement parce qu'il voyage beaucoup, mais dans sa manière d'écrire, dans les histoires, les paraboles qu'il utilise pour continuer à explorer. Mais la réponse n'est toujours pas là, je me demande d'ailleurs s'il est possible d'écrire, en quelque sorte, un procès-verbal définitif de la pensée.

Il a voyagé à travers le monde, 
à la recherche de ce qui fait
la pensée, et l'expression de la pensée.
 Il a reçu le prix Nobel,et il cherche toujours:
 Jean-Marie Le Clézio, homme
d'habitude discret, est 
actuellement sous les feux de la rampe.

En ouvrant un des livres de Le Clézio par hasard, je suis tombée sur une phrase qui, me semble-t-il, exprime bien sa préoccupation.
«La guerre a commencé. Personne ne sait plus où, ni comment, mais c'est ainsi. Elle est derrière la tête et elle souffle. La guerre des crimes et des insultes, la furie des regards, l'explosion de la pensée des cerveaux. Elle est là, ouverte sur le monde, elle le couvre de son réseau de fils électriques. Chaque seconde, elle progresse, elle arrache quelque chose et le réduit en cendres.» (La guerre, 1970)
La guerre, on le voit, n'est pas seulement acte. Elle est aussi “derrière la tête”, elle est “crimes et insultes”, “explosion de la pensée et des cerveaux”.

«Ecriture»

Je n'ai pas l'ambition de Le Clézio, je n'ai pas  vraiment les moyens (intellectuels, je veux dire) de faire son type d'analyse. J'écris sans trop me poser des questions. Disons simplement que je m'intéresse à tout, bien au-delà de l'écriture.
A la prochaine…

dimanche 5 octobre 2008

L'écriture, qu'est-ce que c'est?

Autant commencer par se présenter.  Je suis écrivain, et je suis journaliste. Comme les hasards de la vie font que j'ai un jour travaillé à la télévision, je me suis intéressée tôt à l'image et ayant appris le métier sur le tas (souvent à la dure), je suis devenue réalisatrice de films. Personnellement je ne fais pas vraiment de différence entre tous ces moyens d'expression. 
Est-ce de la peinture? Du vandalisme? De l'écriture? 
Questions futiles, c'est intéressant. Cela vient d'un mur de Rome.

Pour bien d'autres, par contre, ces distinctions sont essentielles, et à franchement parler, c'est là quelque chose qui m'a toujours étonnée.
Personnellement, j'ai toujours mis autant de soin à écrire un article ou le texte d'un sujet TV d'actualité qu'un texte littéraire, et par ailleurs je considère que ce sont les monteurs et monteuses des sujets d'actualité TV qui m'ont fait comprendre comment raconter une histoire, qu'elle dure 90 secondes (moyenne pour un sujet d'actualité TV) ou cinq cents pages (la taille des romans les plus longs que j'ai écrits ( Le Trajet d'une rivière et Zaïda).
Pour moi, écrire, c'est écrire - vérité de La Palice... Quelle importance que ce soit pour parler de chapeaux, de politique, de grands sentiments, de héros littéraires, etc., etc…?

Et ça? Un bistrot romain déclare être contre la guerre et contre le menu touristique (on vous offre le plat du jour et vous pouvez demander des variations - autrement dit on est contre le préconçu). Un bistrot peut-il se mêler de politique? Doit-il afficher autre chose qu'un menu standard?

Mais je suis très souvent confrontée à une catégorisation qui s'apparente à de la discrimination. Ainsi, le roman historique est considéré comme un genre mineur - alors qu'un roman historique bien recherché est une manière merveilleuse d'approcher l'Histoire. Qui plus est le roman historique fonctionne souvent autrement que les livres d'histoire, qui découpent les événements en tranches, et ne vous donnent guère de vue d'ensemble de la marche du monde. Le roman policier est également considéré comme de la sous-littérature, alors que pour moi, c'est le genre majeur de notre époque: à la fois tragédie grecque, roman social, reflet précis des problèmes de notre temps, source de vivacité pour la langue (pensez aux vingt mille néologismes de San Antonio!).
J'ai toujours pensé que le découpage de la littérature en genres majeurs et mineurs était une absurdité - c'est d'ailleurs une idée qui ne me serait jamais venue, pour moi un livre que j'aime est majeur, qu'il s'agisse de recettes de cuisine ou, mettons, des Mandarins de Simone de Beauvoir. Je ne fais pas cette distinction-là. Mais il a bien fallu que je prenne conscience du fait que les autres la font, ne serait-ce que la fois où on m'a expliqué qu'on ne m'avait pas invitée à un colloque littéraire parce qu'il était réservé aux écrivains et que j'étais journaliste. Ou en lisant à propos d'un de mes romans historiques, Le Maître de Garamond, pour lequel il a fallu que je pioche pendant près de quatre ans la littérature du XVIe siècle, que c'était pas mal, EN DEPIT du fait que ce n'était QU'un roman historique.
La futilité des classifications se retrouve dans les films. Je n'entrerai pas dans les détails pour ne pas me répéter.
En ce qui me concerne, j'essaie d'oublier ces frontières: elles me semblent contenir en germe tous les préjudices et toutes les discriminations: classes sociales,  nationalités, races… Cette manière de mettre les choses et les gens dans des cases exprime, me semble-t-il, une arrogance (il y a nous, et tous les autres sont indignes de nous, “mineurs”) qui mène aux pires dérives.
Bon, voilà, j'ai posé mes cartes sur la table. 
A partir d'ici, on parlera de choses et d'autres - y compris d'écriture. Mais comme dans le cas particulier tout passe par l'écrit - j'ai appelé mon blog ECRITURE.
Ah, encore une chose: il se pourrait que, de temps à autre, les sujets virent à l'anglais. Je sais que les francophones pensent souvent que l'anglais est une langue trop envahissante, à ignorer.  Je n'ai pas ce genre de problème. J'essaie d'écrire le français le plus correct possible, mais je cultive mon anglais - cela donne accès au monde, et je trouverais idiot de m'en priver.

Robert, tu me manques! Ne m'oublie pas! Lettre majeure? Graffiti mineur? 
On pourrait se poser ce genre de questions à l'infini.