mardi 14 octobre 2008

Non… Si… Non… La bourse remonte!




Bon, alors, nous avons perdu un million de milliards (ou moins, ou plus), la bourse s'écroule, non, elle reprend, non elle va exploser (plus ou moins). Ce sera le krack comme en '29, pas du tout, on va s'en sortir, c'est sûr (plus ou moins).
Bref, nous sommes bien d'accord, les mathémathiques financières sont une science exacte. Nous savons où nous en sommes, on est rassurés - ils font joujou avec vos retraites mais fichez-vous de ça, ils savent ce qu'ils font: ils s'enrichissent. Probablement. Eventuellement (mais ce n'est pas sûr) ils vous appauvrissent en passant.

Dans mon journal en ligne préféré, Salon, un de mes chroniqueurs favoris, Andrew Leonard, a commencé à mettre en garde contre la catastrophe plus ou moins imminente dite des subprimes (crise immobilière américaine, pour aller vite) il y a plusieurs ANNEES.
Ce n'es qu'un exemple. Joseph Stiglitz, grand économiste pourtant plutôt libéral, met en garde dans des livres qu'on lit depuis longtemps, et que dire de mon chroniqueur préféré, Paul Krugman - dont je suis heureuse de dire qu'il a gagné hier le prix Nobel d'économie - c'est un critique constant, infatigable, depuis longtemps. 
Je ne suis pas économiste, mais justement, si même moi j'avais compris qu'on allait dans le mur, comment est-il possible que tous ces gens qui ont fait de longues études économiques n'aient pas vu? Et rappelez-vous: en dernière analyse, dans l'économie libéralo-libérale, notre vie dépend de ces gens-là.

Georges Darien

Il y a des précurseurs encore plus clairvoyants qu'Andrew Leonard. Prenons par exemple  Georges Darien Ce qui se produit ces derniers temps me rappelle ce qu'il dit de la bourse, dans un roman écrit en 1897 (!!!), Le Voleur - qui devrait être notre lecture de table de chevet à tous, en ce moment:

«Il n’y a qu’une opinion publique, voyez-vous : c’est celle de la Bourse ; elle donne sa cote tous les jours. Lisez-la en faisant votre compte, même si vous revenez du bagne. Vous saurez ce qu’on pense de vous. (p. 90)


«Quand on pense, ajoute-t-il en posant la main sur la pile de valeurs, que ces papiers représentent autant d’argent, autant de travail, autant de misère !… Mais vous ne vous souciez guère de cela. Vous n’êtes pas sentimentaux. Vous volez tout le monde, et allez donc ! au hasard de la fourchette. Il doit y avoir cependant de l’argent bien répugnant, même à voler… Eh ! bien, mes amis, ces papiers représentent autre chose encore ; ils représentent notre univers civilisé. Le monde actuel, voyez-vous, du petit au grand, c’est une Société anonyme. Des actionnaires ignorants et dupés ; des conseils d’administration qui se croisent les bras et émargent ; des hommes de paille qui évoluent on ne sait pourquoi ; et toutes les ficelles qui font mouvoir les pantins tenues par des mains occultes… (p. 131)


«La Bourse est une institution, comme l’Église, comme la Caserne ; on ne saurait donc la décrier sans se poser en perturbateur. Les charlatans qui y règnent sont d’abominables gredins ; mais il est impossible d’en dire du mal, tellement leurs dupes les dépassent en infamie. Le jeu est une tentative à laquelle on se livre afin d’avoir quelque chose pour rien ; (P. 181)»



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas économiste non plus, je suppose que l'option "simple bon sens" est absente du programme des grandes écoles…

Anonyme a dit…

Lecteur régulier de vos romans, je suis content que vous vous décidiez enfin à ouvrir un blog. Les débuts sont plus que prometteurs et j'attends avec impatience la suite ! Bravo pour la référence à Darien. Je pense que même si le passé ne se répète jamais de la même manière, il y a pas mal de "traces" intéressantes à rechercher dans la pensée de nos "grands anciens" !
Quand je dis que je suis lecteur régulier, ce n'est point un propos opportuniste : cf chronique dans le blog "la feuille charbinoise" sur "le maître de Garamond" qui est l'un de mes textes préférés. Référence de la chronique : http://www.dometlydie.com/charbinat/?p=235
Bravo également pour les remarques concernant le roman historique et le roman policier. Je partage entièrement votre opinion. Dans une autre de mes chroniques, à propos des romans de Dona Leon, je faisais état du mépris dans lequel certains "cercles littéraires bien pensants tiennent le roman policier". Fred Vargas a exprimé à ce sujet une position sans ambiguïté et très intéressante.
http://www.dometlydie.com/charbinat/?p=812

au plaisir de lire les prochains billets