samedi 11 octobre 2008

L'écrit mène à tout...


...  à la parole, à l'image, à l'action, à la paresse, à l'amour, à la haine, à…, à…, à… .
La semaine dernière, lorsque j'ai pris cinq minutes pour créer un blog, je voulais un titre qui signifie quelque chose de large.
Après avoir cherché, je me suis arrêtée au mot Ecriture.
Il y a eu une revue, en Suisse francophone, qui portait ce titre et qui  se consacrait essentiellement à la littérature. Il m'a toujours semblé que puisqu'elle était restreinte à un seul moyen d'expression (bon, on y traitait de temps à autre de peinture ou de photographie) il aurait fallu alors lui donner un autre titre: car l'écriture sert à tout.

La parole, c'est quoi?

J'entendais Jean-Marie Le Clézio, cet homme le plus souvent si secret, tenter d'expliquer ces jours derniers pourquoi la parole est si importante. Sans elle, disait-il en substance, la pensée n'existe pas. Et sans la pensée, il n'y a pas d'humanité, bien entendu. Toute son oeuvre peut se résumer à cela: une recherche de la parole juste, et de situation dans lesquelles cette parole juste est le plus juste. Il a d'ailleurs posé les cartes sur la table d'emblée: son premier écrit s'appelle Le procès-verbal. Et toute son oeuvre est, pourrait-on dire, le procès-verbal de sa quête.
On supposerait peut-être qu'au bout de quarante-cinq ans, il aurait pu avoir trouvé… Eh bien, pas du tout. Il s'est déplacé et se déplace encore, non seulement parce qu'il voyage beaucoup, mais dans sa manière d'écrire, dans les histoires, les paraboles qu'il utilise pour continuer à explorer. Mais la réponse n'est toujours pas là, je me demande d'ailleurs s'il est possible d'écrire, en quelque sorte, un procès-verbal définitif de la pensée.

Il a voyagé à travers le monde, 
à la recherche de ce qui fait
la pensée, et l'expression de la pensée.
 Il a reçu le prix Nobel,et il cherche toujours:
 Jean-Marie Le Clézio, homme
d'habitude discret, est 
actuellement sous les feux de la rampe.

En ouvrant un des livres de Le Clézio par hasard, je suis tombée sur une phrase qui, me semble-t-il, exprime bien sa préoccupation.
«La guerre a commencé. Personne ne sait plus où, ni comment, mais c'est ainsi. Elle est derrière la tête et elle souffle. La guerre des crimes et des insultes, la furie des regards, l'explosion de la pensée des cerveaux. Elle est là, ouverte sur le monde, elle le couvre de son réseau de fils électriques. Chaque seconde, elle progresse, elle arrache quelque chose et le réduit en cendres.» (La guerre, 1970)
La guerre, on le voit, n'est pas seulement acte. Elle est aussi “derrière la tête”, elle est “crimes et insultes”, “explosion de la pensée et des cerveaux”.

«Ecriture»

Je n'ai pas l'ambition de Le Clézio, je n'ai pas  vraiment les moyens (intellectuels, je veux dire) de faire son type d'analyse. J'écris sans trop me poser des questions. Disons simplement que je m'intéresse à tout, bien au-delà de l'écriture.
A la prochaine…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu écris :"Disons simplement que je m'intéresse à tout, bien au-delà de l'écriture"

La curiosité est le meilleur moyen d'éviter de finir idiot…

Unknown a dit…

Et voilà que grâce à Cuk.ch, je découvre votre blog. Quel plaisir de vous lire. J'y reviendrai souvent. Je ne sais pas trop écrire mais lire est un peu le sel de ma vie.