jeudi 30 octobre 2008

Une ville, un musée


Je suis là devant ma TV, et je m'énerve en regardant un débat sur le nouveau musée des beaux arts de Lausanne. Il est actuellement dans un bâtiment magnifiquement kitsch, on se demande comment on type a pu un jour imaginer une chose pareille, et comment une municipalité a un jour pu laisser démolir tout un quartier pour faire ça.
Mais bon, maintenant il est là, avec sa bibliothèque, son musée de zoologie, de numismatique (je crois) et des beaux arts.
Cette photo est plutôt flatteuse, elle ne fait pas entièrement justice au bâtiment.

Bref, il y a maintenant un musée des beaux-arts au centre ville, et on projette de le déplacer au bord du lac. En se réclamant pour cela de toutes sortes d'exemples de musées qui sont loin des centres urbains, et qui marchent.
Lausanne est une ville qui pourrait être magnifique.
Mais depuis deux siècles, un urbanisme masochiste s'est acharné sur elle, et le pire, c'est que les générations n'apprennent jamais la leçon du passé - c'est comme si enlaidir ce lieu superbe était une fatalité.
Le même genre de fatalité sans doute qui a fait dire à tous jusqu'au mois dernier que le capitalisme dérégulé et la société hyper-libérale étaient une fatalité, qu'il fallait que le monde s'y fasse et si les pauvres trinquent, c'est fatal que voulez-vous. Eh bien, si cette fatalité-là a pu être jetée au panier avec une série de nationalisations ou de semi-nationalisations, alors il n'est pas fatal que la Lausanne défigurée soit défigurée encore plus.
Dans le cas du Musée de Bellerive (c'est le nom du lieu où on veut déplacer le musée des beaux arts), ce n'est même pas premièrement une question d'esthétique.
C'est surtout de la vie dans la cité qu'il est question.
Je trouve incroyable que, ayant à choisir entre déplacer les beaux arts ou la zoologie, par exemple, c'est les beaux-arts qu'on veut mettre “dans la nature” et non la zoologie, qui serait au fond bien au bord du lac, dans son élément. Mais là aussi, il y aurait des solutions alternatives, le Palais de Rumine, adossé à une haute colline, offre encore de bonnes possibilités d'agrandissement sans déplacer personne.

Pourquoi ne pas mettre les animaux près de la nature, au lieu des tableaux?

Et surtout, je trouve effarant qu'on veuille sortir de la ville encore une de ses institutions. Déjà, avoir choisi d'en sortir l'université m'a toujours paru une erreur monstrueuse.
La Bibliothèque cantonale est encore là, mais tout juste, pour ce qui est du gros des livres payés par les contribuables et à leur disposition, il faut se taper un voyage de 20 minutes minimum pour les atteindre.
Et pour voir les collections d'art, il va falloir maintenant aussi sortir du centre?
Je n'accepte pas l'argument selon lequel tel et tel autre musée seraient en périphérie: il s'agit le plus souvent de musées privés avec des intérêt spécifiques. Un musée des beaux arts comme celui di Palais de Rumine à Lausanne est un musée généraliste, et comme tel il DOIT être accessible sans longs voyages, il doit rester au coeur de la cité.
Cela dit, le débat est déjà en quelque sorte d'arrière-garde: la reprise en main et la réoccupation des centres des villes a déjà commencé ailleurs qu'à Lausanne, et arrivera sans doute bientôt aussi à Lausanne, Suisse. Souhaitons que ce soit assez vite pour empêcher que les beaux-arts ne quittent le Palais de Rumine.

Euh… Tout compte fait je retire l'affirmation faite plus haut slon laquelle ce n'est pas premièrement une question d'esthétique: ce mastoc planté là me dérange…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tiens. Alors pour une fois, je ne suis pas tout à fait d’accord. Moi l’esthétique de ce machin-là ne me dérange pas tant que ça. Quand on voit les photos du site tel qu’il est maintenant, ça n’est qu’un mieux. Et quand on passe dans le coin, on ressent immédiatement — pardon, JE RESSENS immédiatement — un besoin de changement.

Je vois pour le reste les choses de manière pragmatique. Le musée actuel des beaux-arts est un gag de minimalisme. Je suis donc pour un agrandissement conséquent. Où le faire ? Je n’en sais rien. Si ça ne tenait qu’à moi, je viderais Rumine de tout son non-sens (il y a effectivement un musée monétaire…) et l’emballerais dans un énorme cube en verre qui engloberait la place Riponne. On ferait dessus ce bâtiment tout de verre, une gigantesque place, pour le marché.... et le parking dessous serait interdit au voitures à essence !

Mais bon. Si le M3 s’arrête devant chez moi, alors je veux bien aller jusqu’à Bellerive en métro…